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jeudi 4 juin 2015

La non paix, c'est le bruit du refus

La paix, la sérénité, l'unité, le silence intérieur....
Tous ces mots pour parler d'un certain état au delà de l'état habituel plus ou moins agité face aux pensées ou au monde extérieur. On peut approcher, voir vivre assez durablement, une tranquillité intérieure, qui est de moins en moins troublée par les évènements. A force (quel mot!) de pratique, de patience, d'expérience accumulée, qui usent progressivement les mécanismes mentaux. A force de détachement, de discernement entre ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire, de lâcher sur ses propres faiblesses, de ne plus vouloir systématiquement, de ne plus discuter la réalité du moment, de ne plus rêver d'un ailleurs ou d'un autre...

L'une des choses qui se passe, pour ma part, est de ne plus attendre d'arriver au bout du "dit chemin". Si on pense chemin, on pense distance, éloignement, but... En même temps, toutes les pratiques nous ramènent au présent. N'est - ce pas paradoxal avec l'idée d'un chemin? Si on quitte le présent et que l'on est emmené par le mental, il n'y a plus de chemin en vérité. Si on est dans l'imaginaire pendant deux jours, et que tout d'un coup on redevient présent, on est au même endroit que l'on était la dernière fois que l'on était présent. Et si quand on redevient présent, on se juge pour ne pas avoir été présent, alors on "avance" pas plus. On peut passer des années à se comporter ainsi, qui font qu'à un moment on découvre que l'on stagne vraiment et que l'on peut "perdre espoir". Je mets des parenthèses parce que c'est une façon de voir les choses qui est fausse, qui est une projection. L'espoir sert juste à remplacer une passivité (au sens négatif) de notre part.

Dans la pratique, j'ai envie de dire constructive, la conscience change progressivement jusqu'à ne plus se poser des questions sur le chemin, le but, et tout ce qui va avec. On attend plus rien d'un plus tard. On est dans le tout de suite sans questions. Le "que ce qui est", et je me débrouille avec. Si ce n'est pas le grand OUI, au moins je ne discute pas. Si quelque chose monte, je le vois, et je ne discute pas. Et si rien ne monte , je ne me prends pas pour plus avancé pour autant. A force de voir ce qui se passe, le plus souvent possible, le plus longtemps possible, s'opère le détachement inévitable, puisque celui qui voit n'est pas celui qui est identifié à l'entité corps - esprit, ou corps - mental. Ce détachement progressif amène une tranquillité. Le monde bouge, inévitablement, mais à l'intérieur c'est stable, de plus en plus stable. Cette tranquillité fait disparaître la notion d'un chemin, car on ne cherche pas à avancer dans le sens où on est d'accord avec ce que l'on vit. On n'est plus dans un espace séparé, moi ici et le grand but là bas, non, juste l'espace du maintenant qui nous contient, l'espace du sans limite parce qu'il n'y a pas d'autre. Et si l'espace proposé me quitte, il n'y a pas de problème. C'est ce qui en fait la paix. La non paix, c'est le bruit du refus.

Alors me revient cette fameuse phrase de Daniel Morin : "Quoiqu'il arrive rien ne manque!"
Pour paraphraser et dire ce que je sens : "Quoiqu'il arrive, rien ne me comble". Dans le sens où je sens intérieurement que rien ne peut combler ma demande humaine. Il y a toujours les désirs du moment, mais qui sont de passage, car au fond ce qui est recherché n'est pas de cet ordre. Et si ce n'est pas le non manque total, ce n'est pas l'attente perpétuelle ou la croyance, même infime, que quelque chose va arriver qui sera la solution.
Le "je", le personnage pour lequel on s'est pris pendant si longtemps, fait de moins en moins de bruit. On le laisse faire, mais on y croit de moins en moins... Ce personnage qui est dans la perpétuelle recherche de la satisfaction, tandis que l'autre, celui qui n'en est pas un en fait, ne vit que le non manque.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

merci,