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jeudi 18 juillet 2013

Lâcher l'idée du lâcher

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Dans le langage chrétien il est dit que "tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu", ou que "tout est la volonté de Dieu". Ce sont des phrases très fortes, absolues. Vraiment, il ne faut pas juste les lire, mais bien les peser. Il n'est pas dit qu'à ce qui nous arrange, on dit oui, et qu'a ce qui nous dérange on dit non. Le plus grand "dérangement" est la volonté divine. Bien sur nous ne sommes pas obligés d'être en accord avec ces phrases, auquel cas on n'en parle plus. Mais si on est attiré vers l'absolu, quelle que soit l'idée qu'on s'en fait, il faut admettre qu'il n'y a pas d'autre choix. 
On peut aller voir n'importe quel enseignement traditionnel, c'est la même chose : l'abandon, la soumission, l'obéissance, se rendre... Le mot Islam signifie : soumission, reddition, allégeance (à Dieu), et muslim, qui a donné musulman en français, signifie : celui qui se soumet. On connaît aussi le fameux lâcher prise, ou non agir de la tradition taoiste.

L'ego n'est pas fait pour lâcher quoique ce soit. Tant qu'il y a une identification à un aspect de nous même, il est impossible de vivre l'abandon, le lâcher prise, de se soumettre. Une chose est de voir les personnages qui nous composent, d'être en accord avec ça, de ne rien nier, une autre est de les faire vivre consciemment, mais encore une autre chose est de conserver suffisamment de recul pour ne pas se faire prendre par eux.
Plus on avance dans cette connaissance, plus on découvre combien la mécanique est subtile, et combien il faut être vigilant dans les détails. C'est si facile de succomber, de se faire avoir.
Etre en accord avec ce qui est est un jeu permanent qui se joue sur le fil du rasoir.

Il faut que progressivement notre être soit dans une paix qui nous dévore, qui dévore nos tendances à la réaction. On ne décide pas d'accepter, on se rend petit à petit, on se laisse submerger par les eaux de la profondeur, une profondeur qui n'est pas la notre, mais celle qui apparaît comme étant d'elle même, une source à découvrir, qui se voile si on veut la saisir. Dans cette profondeur cachée, il y a une puissance et un paisible que plus rien ne peut troubler. Parfois on y entre, on y goûte, et rien ne peut s'y comparer, tout devient égal, car seul cela demeure présent. Et puis on retombe, on retrouve notre lourdeur habituelle, et l'acceptation devient un labeur. 

Apprendre à abandonner le plus vite possible, pour ne plus vouloir autre chose, pour ne plus engranger de tensions inutiles. Se sentir si petit de se perdre si vite, mais revenir. Il faut que la présence nous frôle de plus en plus. Découvrir la moindre importance de ce qui arrive par rapport à celle de ce contact, d'oser se fondre dans l'invisible confort de ce qui n'est plus touché.
Ne plus chercher un quelconque résultat, à ce qu'une expérience dure, mais rester avec ce plus proche que soi même. Là maintenant, c'est ce qu'il m'est donné de vivre, et cela me suffit. L'avoir en moi se tait, l'être en moi prend la place. Je suis prêt à me laisser manger. Qu'il me prenne...

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