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mercredi 5 juin 2013

A propos du silence


Il est des sujets dont il vaut mieux parler avec parcimonie, voire se taire. Ainsi du silence et de l'humilité...
Je me souviens d'avoir assisté à une conférence, il y a une vingtaine d'années, à propos du silence par Marc de Smedt. Il a bien sur commencé par dire tout de suite que c'était paradoxal, pour ne pas dire le comble, que de parler du silence.

Parfois il faut beaucoup parler pour arriver à faire silence. Evacuer ce trop plein d'impressions, mal digérées sans doute, afin de s'en sentir libre. On n'arrête pas si vite cette manière, devenue habitude, de commenter, qui fait que lorsque cela s'arrête, une voix s'élance encore, pour surtout ne pas affronter le vide qui semble montrer son visage. Il faut un désir de silence, de paix, en nous, pour faire face d'une part au silence extérieur, d'autre part à l'observation de son bavardage intérieur.
En effet il y a le silence extérieur que l'on peut rechercher. Par exemple chez soi, dans la nature, ou dans des lieux de silence (monastères, églises). Cela veut dire que déjà on tente de ne plus être dans le bavardage avec les autres, avec le monde.
Le silence intérieur est une autre paire de manches. Il ne dépend pas de nous. Il faut commencer par s'exercer à observer son propre brouhaha de pensées dans des moments de silence extérieur que l'on s'impose. Et il ne faut rien attendre sur un résultat quelconque. Parfois un support peut être une aide au silence, comme une musique très lente et répétitive, la répétition intérieure de quelque chose (mantra, prière), observer sa respiration, ou la contemplation d'un beau paysage... Il n'est pas possible de le faire avec son coeur tout de suite; ce n'est pas de l'ordre de la volonté, de la commande. Il faut s'entraîner.
Parfois le silence s'installe. A chacun son expérience. Il peut même arriver le fait de se dire : "Ca y est, je ne pense plus (ou il n'y a plus de pensées, ce qui est plus juste)", ce qui est une pensée...
On pourrait dire que le silence, c'est de ne rien s'approprier.

Le silence c'est aussi d'être d'accord avec ce qui arrive. Moins on est perturbé par ce qui arrive, en agréable ou en désagréable, plus on est en silence avec soi même. Et pour ne pas être perturbé, il faut apprendre à se recueillir. Celui qui se recueille vraiment, accueille vraiment.
Les premiers pas vers un certain silence, c'est de reconnaître son incapacité au silence, son agitation intérieure ou extérieure.
Il peut aussi y avoir des crises. Avoir été dans un excès ou un autre peut appeler un mouvement inverse, pour rétablir un certain équilibre.
La vie n'est pas dans la brutalité, sauf exception passagère, mais dans la progression et la constance.

Cultiver le silence appelle de la persévérance et de la patience. Ce n'est pas un concours, une performance, comme souvent dans la vie habituelle, c'est lâcher, lâcher...
OK, ce n'est pas pour tout de suite, mais j'essaie encore.
Je suis vierge de toute expérience, je ne me réfère à aucun souvenir, je débute à l'instant.
Mon seul devenir : rester un débutant...

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