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jeudi 27 septembre 2012

Fin de la partie sud

Je rencontre encore un couple "séparé". D'abord l'homme qui me demande si le refuge de la station de ski est loin. Il me dit ensuite que sa femme est un peu plus loin derrière. Effectivement, je la rencontre cinq-dix minutes après. Elle doit être d'origine sud américaine. Elle me dit que son mari est un sportif, qu'il aime marcher vite, et qu'elle suit derrière. Elle sourit, comme si elle était pleine de compréhension pour lui, et tout à fait humble quant à ses capacités. Je la sens avec lui, alors que je l'ai senti sans elle. Il est vrai que chacun a son rythme, et qu'il peut être très différent pour un couple. Certains marchent ensemble, d'autres s'attendent. J'ai connu ça il y a longtemps, et je n'étais pas très patient...
Je passe devant une bergerie qui vend des fromages. Je prends juste des photos.


Le sentier est plutôt facile et monte vers un sommet assez plat que l'on peut voir de loin. Une fois là haut je vois comme une statue. En m'avançant je constate que c'est un homme immobile. C'est en fait une famille avec deux enfants. Je commence à parler en lui disant que je le prenais pour une statue de loin. Il me répond avec un grand sourire qu'il est une statue vivante. Je sens tout de suite un homme sympathique et ouvert. Juste à côté il y a un grand cercle de pierres donnant l'impression d'une enceinte protectrice à ciel ouvert. Il me dit qu'ils s'installent là pour passer la nuit. Je trouve ça fantastique de le faire avec leurs enfants qui ont l'air de bien s'amuser. Ils ont marché dans les Alpes l'an dernier. Là, venant du nord, ils en ont un peu marre des pierres.
Soudain on entend le souffle d'un homme qui arrive en courant. Il a un certain âge, je lui donne la cinquantaine, avec juste son camel bag dans le dos. Il s'arrête près de nous, en se courbant sur ses jambes, visiblement épuisé. Il nous annonce qu'il a fait un circuit de 45 kilomètres. En montagne, c'est énorme. Une phrase s'échappe de ma bouche : "Vous voulez vraiment mourir avant tout le monde!" Nous rions, mais pas le coureur. Il a emporté juste de quoi boire et des barres énergétiques. Cela me semble dingue. J'ai vu aujourd'hui plusieurs coureurs comme ça. Ils ne doivent rien voir sinon leurs chaussures. Il est en fait avec quelqu'un qui va arriver un peu plus tard. Il a du le semer dans la montée. Je dis au revoir et entame la dernière descente de la journée.
En descendant j'ai envie de faire demi tour pour aller dormir à la belle étoile avec cette famille. Le lieu était beau, sauvage, avec ce cercle de pierres qui appelle le randonneur à la halte. Mais je me raisonne en me disant que je dois prendre un train demain, dont je ne sais l'horaire.
Les deux coureurs vont me doubler vingt minutes plus tard. Cette fois ci il sont ensemble et discutent.
Puis je croise un autre couple qui va vraisemblablement bivouaquer avec la famille là haut.

un autre cercle de pierres servant d'abri

Je suis en pleine forêt, le soleil n'est plus visible. J'enlève ma casquette que j'attache sommairement à mon sac. Plus très loin de l'arrivée, je m'aperçois qu'elle est tombée. Je sens une contrariété. Elle m'avait été offerte pour faire du bateau, et j'y étais attaché. Soit je fais marche arrière pour la chercher, soit je fais avec ou plutôt sans. Je décide de continuer car je n'ai pas beaucoup de temps et n'ai aucune idée de l'endroit où elle a pu tomber.  Ce n'est pas grand chose, mais je découvre que c'est plus important que la chaussure. L'attachement n'est pas raisonnable, mais sentimental...
Je finis par retrouver la route, que je traverse comme une chose étrange, presque choquante, après cette immersion dans la montagne à laquelle les sens s'habituent.
Encore quelques centaines de mètres et j'arrive dans le bourg minuscule de Vizzavona dont la rue unique conduit à la gare. Il y a deux restaurants face à face. Je découvre alors à une terrasse les quatre jeunes, dont un couple, que j'avais vu il y a quelques jours. Ils sont tous étonnés de me voir...

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