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jeudi 8 décembre 2011

Que sait-on de soi même?

Il y a cette phrase célèbre de Gurdjieff comparant l'homme "à une mécanique dans un tas de viande..."

La phrase m'avait parue choquante au début, exagérée. Et pourtant! Combien d'années, de dizaines d'années, ou de vies, faut-il pour s'apercevoir que c'est vrai?
Bien sur, parler de fonctionnements, d'habitudes, de qualités, de défauts, etc... semble plus flatteur quelque part. Etre réduit à une mécanique est impossible à entendre. On a une si haute idée de soi même! Si haute... Et plus on ne fait rien, plus la marche sera haute. Car il faut bien redescendre. Il ne s'agit que de ça...

Autre phrase, simple en apparence, mais terrible : "L'état de "veille" de l'homme ordinaire est le sommeil".
Franchement, avant de prendre cela au sérieux, il s'en passe des lunes.
Il faut que cela nous heurte, pour changer. O non pas que l'on va changer tout de suite, mais amorcer un virage. C'est comme si l'homme était sur une trajectoire toute tracée, telle une fusée, une comète, et qu'à un moment un déclic va faire dévier légèrement la trajectoire. Dès lors, ce qui n'est pas sans risque, tout devient possible. Ce qui dé - vie, c'est une prise de conscience, un choc. Mais il en faudra peut être plusieurs, tellement on est endormi. On n'imagine pas à quel point. Même si les évangiles ne parlent que de ça, on passe à côté. A priori ce n'est pas intéressant de s'éveiller. Nos lueurs de non souffrance nous suffisent à atténuer le brouillard de notre ignorance.

Mais mettre en oeuvre la connaissance de notre mécanique, c'est encore un sacré boulot, un plus que sacré boulot. Il y a tout à découvrir. Tout vérifier, tout redémonter, tout nettoyer... Avant de découvrir un certain détachement. C'est ce détachement à venir qui permet de mieux voir la mécanique et de constater l'étendue des dégâts. C'est une aventure incroyable que d'apprendre à voir. Sortir de l'esclavage pour entrevoir une certaine liberté. Traverser les peurs, les paysages inconnus...
Entre s'y intéresser et y aller vraiment, il y a encore une marge. On est tellement habitué à consommer, y compris la sagesse, plutôt que se mouiller.
Peut être passer de la haute d'idée de soi même à une petite idée de ce qu'il y a derrière.
Plutôt quitter les idées tout court...

3 commentaires:

Oliver a dit…

L'homme est un peu différent de la machine en ce sens que comme toutes les créations de la Nature, il a une capacité d'Eveil. Il est relié à l'Univers par l'esprit de sa conscience (via toutes ses cellules - cf proprioception). Liaison qui n'existe pas encore pour la machine.
Avec toute ma sympathie, cher Yannick.

yannick a dit…

Oui, bien sur. C'est une manière de dire. A chacun de voir...

Dominique a dit…

Un sacré boulot, comme tu dis !