Membres

lundi 7 novembre 2011

Attendre que ça passe

Attendre que ça passe!
Voilà un exercice pas banal. Qu'est-ce à dire?

Si on attend le train, par exemple, on sait qu'il doit venir, donc on est d'accord pour attendre. Si c'est 10 minutes, il y a une programmation interne qui se met en place pour nous envoyer le message : "je suis d'accord pour attendre 10 minutes". Si le train est en retard, disons 20 minutes, on peut observer la réaction de ceux qui attendent, qui elle ne se fait pas attendre. Regardons pour soi même en même temps. Et de vérifier l'heure touts les 3 minutes, puis deux fois par minute, au cas où le temps passerait plus vite. Une incapacité à attendre en vérité.
Fichier:Arrival of the Normandy Train, Gare Saint-Lazare 1877 Claude Monet.jpg
Le jeu est d'attendre que le sentiment d'attente passe. Vous pensez peut être : c'est vicieux!
Attendre, c'est quelque part un constat d'impuissance. Ce que nous fuyons souvent, pour ne pas dire systématiquement. On n'aime pas attendre car on est pris dans un sentiment d'inutilité, d'incapacité de rester avec soi même. Vite une cigarette, vite une lecture, vite un coup de sans fil (elle est drôle celle là!), vite une compensation...

Attendre que le sentiment d'attendre passe. Ce n'est pas évident. Il faut s'exercer. On sait que tout passe, par nature, que rien ne dure. Donc on fait le test. On se regarde en train d'attendre. Il n' y a rien d'autre à faire, on a le temps. C'est juste histoire de voir combien de temps on va tenir. S'il n'y a pas de limites, c'est très difficile. Si c'est pour attendre le retard du train, on peut essayer. Sinon on essaie, on fait ce qu'on peut, et on passe à autre chose. Ou peut être que la vie va proposer quelque chose, qui sait?

Qu'est-ce que la méditation, en tant qu'assise silencieuse, sinon apprendre à attendre d'une certaine manière?
Combien de fois attendons nous la fin?  Parce que c'est très difficile de ne rien faire. Juste observer ce qui se passe dans la tête, pas en rêvant, en étant vraiment présent. Chaque fois qu'il y a rien à faire, au lieu d'attendre impatiemment, on peut transformer l'attente en présence, en observation. Plus on s'entraîne, plus c'est facile, bien sur.
Du coup, expérience aidant, on va découvrir que l'on n'attend plus que ça passe.

Un autre exemple c'est l'émotion. Ce n'est pas comme le train, il n'y a pas une heure d'arrivée et une heure de départ. C'est vraiment un travail que de l'accueillir pour que son énergie s'épanche, puis qu'elle s'en aille car elle a vécu son temps, surtout si rien ne la retient. On la laisse vivre et on attend que ça passe.
Bien sur ce genre d'attente n'est plus de l'attente. L'attente est passive. L'attente consciente est active. Dès que l'observateur est là, il y a une action véritable.
L'attente fait apparaître le temps long, puisque que désir d'un résultat qui n'est pas là, tandis que la présence fait disparaître le temps.

Aucun commentaire: