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jeudi 10 février 2011

Eglises romanes (suite)

Y a t-il un message induit dans une église et comment s'inscrit-il?

Oui : le recueillement.

Ce qui signifie le rassemblement des parties éparpillées en nous.
Dans un endroit où vibre le paisible, l'éparpillé s'éteind pour laisser place à l'unité.
La paix c'est quand il n'y a plus qu'un.
Un autre mot qui va dans ce sens c'est : harmonie, qui signifie : accord, proportion juste. Ce terme est souvent lié au son, à la musique, au chant. Les mots accord, concorde, comportent le mot corde justement, qui lorsqu'elle vibre produit de la musique. Corde et coeur ont la même étymologie venant de la racine indo européenne kerd qui a donné kardia en grec.
Ainsi on pourrait dire que l'harmonie est le résultat du coeur pour toucher le coeur par le biais d'accord, de proportion juste.
Une église, une vraie église, c'est donc un lieu qui vibre de façon à nous raccorder avec notre profondeur intrinsèque. C'est un lieu physique, matériel, qui nous fait toucher l'immatériel, l'inexprimable, le subtil. Cela n'a rien à voir avec la croyance en quoi que ce soit.
Il y a des clés pour cela.
C'est forcément les proportions. Le rapport entre la hauteur, la longueur, la largeur. En particulier l'utilisation du nombre d'or (sujet en soi, dont je dirais juste qu'il participe du vivant).
C'est aussi un rapport entre le plein et le vide, entre l'ombre et la lumière.
C'est un rapport entre différentes formes de base : le rectangle, le carré, le cercle, qui vont donner la voute en plein cintre, la coupole, etc... et le triangle.
Le cercle ou le demi cercle oblige au centre, de même que le triangle qui représente le trois, oblige le centre, et tous les volumes vus ensemble par nombre impair obligent le centre.
Le centre en tant que tel c'est l'inverse de l'éparpillement, c'est la réunion de ce qui diverge vers un convergent.

Une église romane est une masse, elle est complètement reliée à la terre. Lorsque l'on est à l'intérieur, dans l'ombre, dans l'obscur, entouré de plein, on est relié à la terre. Cette masse appelle le silence. C'est ainsi, c'est la réalité de la terre et de la pierre. La voute qui recouvre donne une impression de protection, parce qu'elle est courbe, en berceau (j'en ai déjà parlé), et elle ajoute au silence le recueillement de par sa forme (c'est ce qu'on appelle une onde de forme, encore un sujet à part).
Tout cela confère à la profondeur, à notre profondeur.
Au fond, le coeur, l'abside, et la lumière. La lumière qui vient du haut et la lumière qui est à l'apogée d'un centre. Tout un symbole. Comment ne pas être envouté, comment ne pas se recueillir, comment ne pas sentir, comment ne pa s'abandonner?
A cela s'ajoute le dépouillement, la simplicité, qui éloigne tout égarement de l'esprit. Tout concorde aux retrouvailles avec le coeur unifié. Le paisible appelle le paisible. Le silence appelle le silence.
Et si par chance un chant harmonieux s'élève, il n'y a qu'harmonie qui résonne.
Alors le grossier en l'homme reste au niveau de la terre tandis que le subtil s'élève vers le ciel.


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