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mardi 21 décembre 2010

Iles ou Ailes

La nuit tombait vite ici. Des petites lampes étaient discrétement allumées dans le jardin, ce qui lui donna une ambiance mystérieuse. Ils auraient aimer rester, mais la fatigue aidant, ils allèrent se coucher sans manger.

Au milieu de la nuit, Hélène se réveilla. Elle se sentait épuisée. Pour la première fois elle réalisa qu'elle était peut être en train de vivre ses derniers jours. Il n'y avait pas de panique, pas de rébellion, mais une sorte de peur en sourdine.
Cette mort à laquelle on ne pense guère pendant la vie, et qui peut s'annoncer un jour ou nous surprendre à tout moment...
Elle sentait qu'elle avait vraiment vécu son lot, elle n'avait pas de regrets de ce côté là. Ses demandes avaient été comblées dans leur grande majorité. Elle ne cherchait pas à alimenter ce que l'imaginaire a tendance à proposer. Elle s'accomodait de ce que la vie proposait au jour le jour. Soudain elle sentit une tristesse de perdre Philippe. Des larmes coulèrent sur ses joues. Elle pensa vraiment à lui. Comment vivrait-il ce départ? N'était-ce pas le plus important qui lui restait à faire que de l'y préparer? C'est déjà si long d'apprendre à vivre, mais apprendre à mourir... Elle savait bien que plus l'on vit le présent, plus on écarte l'idée d'un futur dont on ne sait strictement rien. Mais une mort programmée semble une nouvelle donne terrible à porter. En même temps n'est-ce pas la meilleure opportunité pour s'y préparer le mieux possible? Plutôt que d'être emporté soudainement dans une certaine inconscience?
Sentir dans la profondeur que tout passe, aller de petite mort en petite mort, était un exercice auquel elle s'était attelé avec Philippe depuis des années. Apprendre à lâcher vraiment quand quelque chose se casse, s'arrête, s'en va... Combien de temps faut-il pour se rendre compte de l'inéluctable? Travail de chaque instant quand on en saisit l'importance.
Tout finit par s'en aller un jour ou l'autre : la jeunesse, les enfants, les parents, ou ses propres forces... Que peut-on retenir?

2 commentaires:

Dominique a dit…

Très belle histoire Yannick. C'est un thème difficile et tu l'as abordé avec beaucoup de délicatesse. Tu as vraiment une disposition pour l'écriture.
Je te souhaite un très bon Noël.

yannick a dit…

Merci Dominique. A toi aussi.