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mercredi 15 décembre 2010

Iles ou ailes

Il avait été heureux avec elle. Ils se complétaient bien. Ils avaient faits tout ce qu'ils pouvaient pour se rapprocher et être disponibles. La dernière année passée ensemble fut la plus belle. Ils se souriaient plus qu'ils ne se parlaient à vrai dire. Une complicité tissée au fil des ans, dans le respect et l'ouverture. Parfois l'un ou l'autre partait quelques jours, attiré encore par un vieux rêve, ou un désir que l'autre ne partageait pas forcément. Ils se retrouvaient avec la même joie qu'au premier jour. Ils jouaient à ne pas se téléphoner pour tester leur solitude réciproque. Cela peut sembler étrange à une époque où tout le monde appelle pour un oui ou pour un non. Pas pour eux. Ils avaient depuis longtemps vérifié que la télépathie marchait bien. Après 32 ans passés ensemble, ils sentaient suffisamment le contact de l'autre pour faire confiance à leur ressenti. Leur cheminement et leur tempérament faisaient qu'ils aimaient prendre ce genre de risque, apparent, à savoir ne pas être sans cesse dépendant du bien être et du réconfort que peut apporter l'autre. Leur demande était au delà. Ils se connaissaient trop bien pour ne pas peser sur quoique ce soit qui pourrait être senti comme une influence discrêtement possessive.
C'était presque un jeu, une règle non écrite, qui les maintenait dans une vraie égalité.
Cela maintenait la surprise possible, l'inattendu, la folie créative que peuvent avoir des amoureux quand tout semble possible. Et pourquoi cela ne le serait-il pas d'ailleurs?
C'est pour cela qu'ils souriaient, car ils avaient l'impertinence de l'imprévu total, l'insolence du risque à portée de main. Prêts à partir, prêts à rester. Les pensées dans les tiroirs poussièreux, les ressentis prêts à jaillir de leurs yeux d'enfant. Toujours prêts à goûter la vie. Et si un grand besoin de calme s'installait chez l'un, l'autre ne disait rien par pur respect.
Parfois ils s'asseyaient face à face, et se tenaient les mains tout en se regardant, sans bouger. Ils pouvaient rester ainsi des dizaines de minutes. Un tel contact s'établissait...
Ce fut leur dernière année.

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