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mercredi 5 mai 2010

A propos de la souffrance

La souffrance est nécessaire, indispensable, bienfaitrice. Provocation?

J'ai déjà parlé de cet état d'excitation joyeuse qui nous endort. Quand tout va bien extérieurement, on dort, on trouve ça normal, et il n'y a aucune vigilance en général.
Quand quelque chose réveille une souffrance, qu'est-ce qui se passe?

Si on ne comprend pas ce qu'est la mise en pratique, ou si on ne peut pas, on va nier, refuser de vraiment souffrir, de se laisser aller au ressenti de l'émotion, du corps. C'est peut être trop fort, on imagine que cela va nous détruire, ou cela nous rappelle inconsciemment une souffrance du passé qui a été insupportable. Et donc on refuse la vérité de l'émotion. Il y a aussi le fait que cela nous déstabilise, en tout cas l'image que l'on a de nous même, cela casse un schéma de fonctionnement que l'on a. Un enfant qui pleure se fout complètement du monde extérieur et du regard des autres. Il pleure, il lâche les tensions trop fortes qui l'envahissent. C'est tout simple. Et on peut le voir quelques minutes après jouer et rire comme si de rien n'était. C'est extraordinaire, non?

Tant qu'on garde, tant qu'on n'exprime pas, il n'y a pas d'issue.
Est-ce si dur de rentrer dans la souffrance, de reconnaître le refus? C'est à croire que oui. C'est un système d'auto défense qui est devenu de la rigidité. La rigidité c'est la mort.

La souffrance est le moyen de rentrer en contact avec ce que l'on ne veut pas voir.
Si on est présent, si on se laisse aller au ressenti, c'est comme de l'eau qui s'écoule par une brèche, ça libère. Sinon cela deviendra un barrage, de plus en plus encombrant.
Vivre vraiment une émotion douloureuse, c'est voir au bout du compte que l'eau s'écoule complètement. S'il y a des pleurs, des soubresauts, OK, il n'y a pas de problèmes, le principal c'est de laisser la vie passer, nous traverser. Une fois que c'est passé, car tout ne fait que passer, il y a un soulagement, quelque chose de neuf qui est là, qui fait que la vie peut continuer en nous sur des bases plus saines. Personne n'est mort. Si, celui qui croyait qu'il pouvait faire l'économie de sa vérité souffrante est mort, en tout cas il en a pris un coup.

Plus on lâche, plus on est léger, plus on est libre. C'est INEVITABLE.
Donc la souffrance, en tant que réveil, est une bénédiction.
Et lorsqu'on découvre que l'on ne meurt pas de cette souffrance qui fait si peur, c'est la naissance à autre chose. C'est l'étape d'après.

4 commentaires:

Miche a dit…

Bonjour
Refuser la souffrance c'est l'augmenter d'autant, mais on peut aussi se complaire dans les lamentations.
Vous avez raison, lorsqu'on reste tranquille en ce qui se présente, il n'y a plus la souffrance et moi...

Claire Fo..... (mais pas Fontaine) a dit…

Une façon très positive de voir et d'accepter la souffrance...
Bonne journée.

Catherine Bondy:Psycho-Praticienne et Peintre. a dit…

... d'où la bénediction de ce que Boris Cyrulnick a nommé la résilience ...:
se servir de la souffrance comme un levier et non une limite ( et il sait de quoi il parle , vu ce qu'il a traversé en terme de souffrances ...)
Belle intention que de saisir l'opportunité de la souffrance pour s'alléger un peu plus . merci.

Anonyme a dit…

Oui Yannick, aussi bizarre que cela puisse paraître, la souffrance reste une bénédiction !
Accepter cette souffrance, c'est accomplir un acte de liberté, pas toujours facile bien sûr....
Mais accepter cette souffrance, c'est l'assumer pour l'utiliser au profit de notre croissance dans la foi, dans l'Amour et pourquoi pas dans l'obéissance à la Vie...
Accepter cette souffrance, c'est pour moi accomplir une belle victoire sur Soi.

ça me fait penser à un psaume que j'aime bienk et qui me fait du bien lorsque c'est difficile....
"celui qui a semé dans les larmes moissonnera dans la joie"
psaume 125 126

bises du gers ! Martine