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vendredi 23 octobre 2009

Pour réussir une chose difficile, il faut faire des efforts
et il faut de la chance.













Sans doute chacun de nous a vécu ce moment de dépassement de soi, où l'on a dépassé ses limites habituelles, où l'on rentre dans une nouvelle dimension, qui peut laisser quelques traces. Ce n'est quand même pas si courant.
Le but n'est pas forcément de triompher, mais de s'être dépassé, d'avoir tout donné.

Je parle de ça parce qu'il se passe actuellement la plus grande course de petits bateaux qui existe. Ils font 6,50 m de long. On les appelle les mini 6,50. C'est une taille pour rester plutôt le long des côtes, pas trop loin d'un abri, car dès qu'il y a de la mer cela devient assez scabreux et même impressionnant.
En plus ces bateaux sont très légers et très toilés, ils peuvent donc aller très vite.
Comme ils sont dessinés pour la course, ils sont quand même capables d'affronter du gros temps. Toujours est-il qu'ils traversent l'Atlantique, cette course se nomme la mini transat.

Ils partent de La Rochelle et vont d'abord vers Madère (au large du sud du Portugal). Puis c'est la grande traversée jusqu'à Bahia au Brésil, 20 jours de solitude.
Ces bateaux sont très sophistiqués, il y a pas mal d'innovations, ce qui veut dire pas mal de pépins aussi, de casse, de déconvenue. Le compliqué est fragile!
Cette course, qui a une trentaine d'années, devait permettre à des passionnés de se lancer avec un budget modeste. Au début c'était vrai, et cela bricolait jusqu'au moment du départ. Maintenant cela coûte pas mal d'argent, et il faut des sponsors.

Pour bien se placer il faut bien se préparer, le bateau et le bonhomme. Beaucoup d'efforts, financiers, de travail, d'entrainement, des sacrifices... sur deux ou trois ans!
Alors quand ça casse, quand il faut abandonner, faire demi tour, on peut imaginer la déception.
Certains percutent des billes de bois ou se font attaquer par un requin...

Les tous premiers viennent d'arriver. Lorsqu'on regarde les têtes qu'ils font, c'est extraordinaire, surtout s'ils ont dépassé leurs espérances. Ils ont été au bout, pas seulement traversé l'Atlantique seuls, sans radio, sans savoir où sont les autres, mais traversé le pot au noir (une zone de transition entre les alizés des hémisphères nord et sud où il n'y a pas de vent ou alors des orages très brutaux), ils ont passé des heures à barrer pour gagner jour après jour un peu plus que le voisin (certains ont barré jusqu'à 48 H presque sans dormir avant l'arrivée), mangeant du liophylisé (pour gagner du poids), dormant peu de toute façon, réparant comme ils peuvent quand quelque chose casse, se faisant peur parfois, donnant le maximum...

Ils arrivent avec un visage lavé par les efforts, mais rempli d'une joie indicible.
C'est ça que je trouve extraordinaire, ces efforts démesurés qui amènent à la joie, ce dépassement qui nourrit au delà de tout.
Dès qu'il y en a un qui arrive, celui ou ceux déjà arrivés vont l'accueillir, parce qu'ils savent...
C'est tout simplement beau.

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