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samedi 18 juillet 2009

La vitesse devenue un modèle

Dans cet ermitage près d'Assise que j'ai tant aimé, soeur Brigitte me dit un jour:
"Nous avons un vieux maçon qui nous fait des travaux, il travaille à l'ancienne, lentement, c'est bien."
Cela m'avait frappé. J'étais jeune et je n'imaginais pas que travailler lentement soit une qualité si appréciable que ça.
En fait, et surtout dans les travaux manuels, une certaine lenteur amène une qualité, une ambiance, une tenue, qui disparaissent dés que la vitesse domine sur le geste.
Progressivement le monde s'est laissé dominer par la vitesse, par le rendement. Sans doute à la naissance de la machine.
Je regarde souvent des reportages sur des tribus qui vivent encore en quasi autarcie. Il n'y a jamais de précipitation. Il y a un équilibre.

La vitesse est contre nature car elle ne peut se maintenir. Et si la machine permet de la maintenir, c'est au dépens des hommes qui se mettent à disfonctionner et se perdent, deviennent des zombies. On se met même à penser qu'il faut faire plein de choses et on se crée un stress permanent parce qu'on y arrive jamais. La preuve c'est qu'il est très courant (oui ça vient du mot courir!) de dire que l'on n'a pas le temps, ce qui est un comble! Plus on va vite moins on a de temps!
J'ai lu récemment que l'un des drames des américains (du nord), c'est qu'ils ne savent pas s'arrêter, ils se sentent perdus.

Toujours est-il que le travers de vouloir en faire trop, d'aller trop vite, voir des résultats rapidement, excite aussi le mental, et que tout finit par se détraquer dans un temps plus ou moins long.
On est devenu dépendant de ce qui devait nous sortir de l'esclavage : la machine.
Tout est devenu mécanique, et même électronique. Et donc programmable...
Tout est devenu spécialisé, séparé, parcellisé. Que ce soit dans le temps ou dans l'espace. Ce n'est pas un mal en soi, tant que cela ne devient pas un enfermement.

La vie est par nature organique, avec des lois propres au vivant, des rythmes, de l'organisation, de l'incontrôlable, des formes qui évoluent, se diversifient, de la souplesse, etc...
Cadrer, rigidifier, recopier à l'infini, c'est tuer le vivant.
C'est ce que fait la machine, qui influence à la longue l'homme qui l'utilise.
Cela aboutit sur la maladie. Le monde moderne avec ses villes tentaculaires, avec la mono exploitation pour une rentabilité à court terme, avec le non respect généralisé, est malade.
La vitesse généralisée est une maladie.
Il faut du temps pour connaître. Vouloir tout tout de suite est la non écoute la plus dramatique de ce qu'est la vie même.

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